Ce soir Masterchef reprend, et comme j' étais au casting de Marseille, je voulais vous raconter mon aventure.
Mon but n' est pas de vous dire si vous devez regarder ou pas, si vous devez aimer ou critiquer, juste de vous faire part de mon ressenti, mon expérience et ma recette évidemment! (parue il y a quelques minutes)
J' avais été contacté début 2014 par un casteur, par le biais de ma page facebook
J' a toujours aimé les émissions culinaires, mais je n'ai jamais pensé avoir le talent nécessaire. Quand je voyais les assiettes sorties par certains candidats, quand je voyais les plats de malade en 1 heure...
Et puis je me suis dit : Pourquoi pas, ça me fera une expérience, je vais enfin pouvoir discuter avec des passionnées de cuisine, avoir des avis sur ma cuisine. J' étais certaine que ça ne pouvait m' apporter que de bonnes choses, et au pire on me disait non de suite.
C' était parti, j'ai renvoyé le questionnaire rempli, des photos de mes plats.
Pas de nouvelles pendant un long moment, mais j' ai appris sur internet que le format proposé par la société de production n' avait pas plu à TF1, et que l' émission reviendrait peut être en 2015.
Janvier 2015: un appel d' un membre de la production, qui me demande si ma candidature est toujours valable. Je dis oui, entretien par téléphone, entretien Skype . Tout s' enchaine très vite, et je reçois une convocation pour la 1ère épreuve.
Je dois amener un plat froid le 14 février 2015 dans un hôtel sur Charenton le Pont à 8h30. J' arrive la veille (merci à mon frère et son adorable femme de m' avoir accueillie), et samedi matin me voilà partie avec ma glacière.
Je présente un dessert: moelleux chocolat, feuillantine praliné, ganache chocolat -noisettes caramélisées, ganache montée vanille; et des framboises fourrées à la ganache chocolat au lait.
Un dessert que j'ai créé pour ma mère en vérité, en fonction de sa personnalité: du chocolat noir pour donner du caractère, du chocolat au lait pour la douceur, des noisettes caramélisées pour amener encore plus de douceur, des framboises pour le côté acide.
15 minutes de dressage, vu que j'ai déjà préparé un max ça passe sans problème au niveau du timing.
Voici la photo, et je vous donnerais une autre fois la recette.
Ma voisine a un plat de malade: magnifique, du travail, de la technique....je la vois déjà aller loin (elle était la première sélectionnée à Marseille et je n'ai aucune info mais suis sure qu' elle est allée loin, mais chut, c' est un secret. Indice: elle est asiatique)
Mon tour vient et la dégustation se passe bien: le gouteur me dit que c' est très bon, me pose des questions ( j' aurais fait quoi comme plat chaud, pourquoi masterchef, quel est mon projet ....).
Ensuite vient l' interview: la personne de la prod me met à l' aise, c' est comme une conversation sympa ...sauf que la caméra nous observe :-) Sincèrement je n' aurais pas cru être si à l' aise, le stress s' envole dès le début.
Je rentre chez moi, et le mardi suivant à 18h30 on m' apelle pour me dire que je vais à la prochaine étape.
La suite se passera à Marseille, en mars et je dois de nouveau amener un plat froid. Je choisis encore un dessert ( oui c' est mon truc les desserts), cette fois aux agrumes.
Tout le monde arrive la veille, et en récoltant les infos auprès des autres participants, j' apprends que nous sommes dans 3 hôtels; 100 candidats par hôtel. Oui donc nous sommes 300, vous avez bien compté.
On nous remet nos badges, nos glacières sont emmenées, et on nous dit que nous ne saurons rien avant demain..
Le lendemain, départ 5 heures (ouille ça pique le réveil), enfin en principe car le bus décolle avec plus d' une heure de retard. L' avantage c' est que je peux discuter avec les autres, l' inconvénient c' est que je n' aurais pas dit non à 1 heure de sommeil en plus, surtout que la jounée va être longue.
Ma voisine ne cuisine pas du tout, elle le raconte qu' en fait elle travaille dans le domaine culinaire, cotoie beaucoup de chefs et donc son entreprise l'a inscrite. C' est plus un moment de détente pour elle, et la cuisine soyons clairs, c' est pas son truc, elle a rien préparé et juste acheté 1 ou 2 trucs vite fait. Je me dis pourquoi pas, ça reste une expérience interessante pour elle. En fait elle fera partie des 30 sélectionnés.
On apprend dans le bus que nous allons au MUCEM (mais bon la presse avait déjà donné l' info), et qu' à la fin de la journée il n'en restera que 30. Nous allons rester la journée à notre poste de travail, et on mangera sur place :-(
Nous sommes répartis en trois équipes: bleu, rouge et jaune.
Arrivés, nous attendons un bon moment avant de pouvoir sortir du bus, pour encore attendre avec nos glacières.
C' est seulement vers 10 heures que nous filmons l' arrivée: tous en rang, chacun a son n° de rangée et sa place, comme à l' armée (avec 300 personnes, je crois qu' il n'y a pas trop le choix) On avance en souriant avec nos glacières (et mes bras commencent à détester cette glacière), on retourne en arrière et on recommence.. et ainsi de suite plusieurs fois.
Il fait un froid glacial avec le mistral qui souffle, et moi qui croyait qu' il faisait toujours chaud à Marseille!
L' arrivée à nos postes de travail est ensuite filmée, tout le monde a là encore son n° de rangée et sa place: vous verrez des longues tables noires, sur le rebord il y avait des n° pour nous indiquer notre place.
Ensuite il y aura l' arrivée des chefs, le tournage de l' intro sur l' estrade avec Sandrine Quétier. Et pour chaque séquence rien n' est laissé au hasard: tout est filmé plusieurs fois, on applaudit, on lève les bras, on recommence à applaudir, on relève les bras... et ainsi de suite.
Le top pour dresser le plat est enfin lancé. Nous avons 30 minutes, mais en réalité nous avons eu 10/15 minutes de plus. Du coup tout le monde avait terminé, et à quelques secondes de la fin, le chef de plateau nous a demandé de faire un dernier geste. En fait, il faut qu' à l' écran on ait l' impression de terminer à la dernière seconde. Certains nettoient, d' autres font mine de poser un élément de décor et moi je râpe des zestes de citron vert.
Précision: je n'ai pas pris de photo le jour J, mais j'ai fait la même chose et la même présentation
La dégustation commence un peu après: chaque chef a une équipe, et chaque chef s' est entouré de 10 goûteurs.
Ce sont les rouges qui commencent à être dégustés: pas assez de caméras pour que les trois équipes soient dégustées en même temps.
Notre goûteur travaille dans un restaurant, il ets frigorifié et il teste tous les plats de la rangée et a priori le mien est bon, c' est déjà ça!
Les deux autres équipes devront malheureusement attendre encore et encore pour que leur tour passe. En attendant nous sommes mis à l' abri dans une tente, tellement il fait froid.
Jaunes et bleus nous rejoindront dans la tente, et à ce moment là on sortira les bagages dehors (pas assez de place). Nous sommes tassés, en attente que les chefs prennent leur décision.
Dans l' après-midi, une 1ère vague est éliminée, on ne sait pas trop pourquoi. J' ai entendu que leur cas ne faisait pas débat, pas le niveau. Ok, ce sont censés être les moins bons, mais il y a des départs surprenants. Je pense à une jeune fille qui avait fait une superbe charlotte d' asperges par exemple.
Vers 16h, verdict final: les 30 candidats sont appelés.
Entre chaque nom il y a de l' attente, peut être pour le suspense, mais on sait tout de suite qui va être pris: la caméra se fixe sur une personne, et 10 secondes après elle entend son nom. Bref du suspense à la télé, mais sur place pas tant que ça.
La journée est finie, et nous sommes tous éreintés, nous avons juste envie de rentrer chez nous. Les conditions de tournage étaient très difficiles (froid, repas du midi plus que moyen, pas de possibilité de bouger de notre place, debout toute la journée, attente).
Avec le recul, j'ai appris des choses sur moi et sur l' envers du décor à la télé, j' ai rencontré des passionnés de cuisine. Alors je ne regrette pas cette expérience.
J' ai découvert les coulisses d' une émission de télé, ce que nous ne voyons pas derrière notre écran.
Je n' imaginais pas tout le monde qui pouvait être sur un plateau: cameramen, membres de la prod, chef de plateau ....tout ces gens qui sont invisibles lorsque vous regardez l' émission, mais qui sont bien présents.
Je n' imaginais pas non plus le temps pour tourner: lorsque vous allez regarder, tout va se dérouler rapidement et simplement, et vous aurez l' impression que nous arrivons, les chefs arrivent et hop on fait notre dressage. En réalité, cela a duré des heures, debout à une table et dans le froid.
Tout est scénarisé: chacun doit rester à sa place, le candidat sélectionné doit être filmé pour montrer sa réaction, chacun doit rester souriant.
Le bilan:
- Je ne croyais pas être capable de faire des desserts comme j'ai fait: les castings m' ont permis de me surpasser. Depuis j' ose faire des desserts plus complexes!
- J' ai découvert d' autres univers de cuisine, qui m' ont donné envie de tester de nouveaux plats.
- J' ai fait de belles rencontres: j' ai croisé Jenna du Bistrot de jenna (j' adore son blog), j' ai rencontré la reine des cupcakes, j' ai discuté avec des passionnés de cuisine
Est ce que je regarderais Masterchef ? Je ne pense pas. Pas par regret, ni pas déception ou amertume, mais parce que mon regard sur les émissions de ce genre a changé.
Là où je voyais des candidats être pressés par le temps, j'entends un chef de plateau nous demander de faire un dernier geste, comme si on avait pas fini.
Là où je voyais une épreuve se passer sans encombre, je sens le vent glacial dans mon cou et je repense à cette attente.
Là ou je voyais des candidats se placer au hasard, et simplement faire leur cuisine, je vois un scénario bien ficelé où chacun a sa place.
Ce qui est sûr, c' est qu' après on ne voit plus les émissions de la même manière.
Mais je continue à cuisiner, et je pense même que j' ose plus. J' ose tester de nouveaux mélanges, tenter des desserts compliqués.
L' aventure Masterchef m' a donné envie de cuisiner encore plus, et d' élargir mon univers culinaire. Alors je ne garde que le positif de cette histoire.
1. 25/06/2015
Très belle histoire racontée avec des faits et beaucoup d'objectivité: Bravo pour ce récit non revanchard et objectif.
En effet, cela doit représenter une belle expérience que le tournage d'une émission télé.
Bonne continuation pour faire danser les casseroles et nous régaler.